Présentation du sujet:
Le Tchad, pays méconnu ou trop souvent négativement connu, comme étant un pays de guerre et d’insécurité ; pour nous artistes, Yaya Sarria et Nanyadji Ka-gara, il est important de s’éloigner de cette image et mener une recherche sur la culture Tchadienne, culture dont on entend peu parler ; contrairement à d’autres pays d’Afrique notamment des pays d’Afrique de l’Ouest, tels que le Burkina Faso, le Bénin, la côte d’Ivoire…
Nous avons voulu travailler sur l’une des grandes richesses du Tchad : son métissage ethnique. En effet 252 ethnies cohabitent sur ce territoire.
Ces 252 ethnies qui peuplent le Tchad sont une véritable source d’inspiration pour le projet « Découvrir son identité et faire découvrir à l’autre ».
Il s’agit d’aller à leur rencontre.
Pour la première étape, nous sommes partis un mois et demi en terre tchadienne.
De N’djamena à Kyabé, nous avons écouté des chants, des témoignages de personnes de multiples ethnies, vu des personnalités, des danses qui ont fait naître des portraits photographiques et sonores ; fruits de la première tournée de recherche dans le sud du Tchad.
Avec ces éléments, nous avons constitué une exposition qui a été présentée du 6 au 23 Décembre 2017 à l’Institut Français du Tchad dans le cadre du Festival International de danse Souar-Souar 2017.
Nos partenaires pour la première étape de ce projet sont l’Institut Français du Tchad, le Festival Souar-Souar, Sélésao restaurant lounge et la participation du Théâtre National de Bordeaux en Aquitaine(TNBA).
Fort des retours et des encouragements lors de la première exposition, nous souhaitons poursuivre ce projet lors d’une deuxième étape, qui nous permettra d’approfondir nos recherches en explorant de nouvelles zones géographiques du Tchad (Nord, Est..) et de rencontrer de nouvelles ethnies avec lesquelles échanger.
Car nous croyons que mettre en lumière des diversités, au sein d’un même pays, fabrique un support d’échange qui valorise le fait que nos différences sont une force.
Ce projet ouvre une fenêtre sur les richesses humaines et culturelles du Tchad.
« Source d’échanges, d’innovation et de créativité, la diversité culturelle est, pour le genre humain, aussi nécessaire qu’est la biodiversité dans l’ordre du vivant.» Article : 1 de la Déclaration universelle sur la diversité culturelle de l’UNESCO (Paris, 2 novembre 2001)
Note d’intention:
Aller à la rencontre du Mbang de Bedaya, chef coutumier des Sara-madjingaye ; de Filiandi, femme Massa, ancienne porteuse de bijoux de bouche ; rencontrer Baye Tinodi, homme Ngambaye, chef du village de Man koula ; voir la danse ntoh à Koumra, la danse mbilé, calia, olélé et mandja à Tanda ; écouter des chants Lellé, des chants Sara- madjingaye et des chants Sara-kaba ; admirer un berger peul échanger vocalement avec son bétail ; rencontrer Maria Wolé au village de Bagaye Kokolé, femme Marba fière de porter des bijoux de bouche, tout comme sa mère le faisait traditionnellement ; être captivé par les dessins sur les visages des Wodaabes. Durant un séjour d’un mois et demi au Tchad, de la ville de Ndjaména à la ville de Kyabé, nous avons échangé avec des personnes de l’ethnie Peul, Massa, Marba, Lellé, Ngambaye, Sara-Madjingaye et Sara-Kaba.
Ces différentes ethnies du Tchad et leurs richesses culturelles ont été une véritable source d’inspiration pour notre travail.
Il était question pour nous de découvrir les richesses humaines et culturelles du Tchad, pays composé d’une grande diversité ethnique, 252 ethnies actuellement.
Le projet « Découvrir son identité et faire découvrir à l’autre » se situe entre recherche anthropologique et reportage photographique et sonore.
Nous souhaitions faire des portraits des personnes rencontrées et leur donner la parole. Faire une recherche sur le Tchad, ses habitants et sa culture.
Mettre l’humain au centre du projet. Mettre à l’honneur la diversité humaine et culturelle.
Pour nous, Yaya Sarria, danseur et chorégraphe, et Nanyadji Ka-gara, comédienne et danseuse, il était important de montrer le Tchad, pays méconnu ou trop souvent connu négativement comme étant un pays de guerre et d’insécurité, sous un autre angle.
Durant notre séjour le pays traversait une grande crise économique, qui rendait encore plus nécessaire pour nous ce reportage.
Nous avons pu constater malgré l’instabilité économique régnante qu’il y avait bel et bien des richesses à mettre en valeur, toute une culture à découvrir.
Nous souhaitions mener une recherche sur nos origines, nos traditions culturelles, celles dont nos parents nous parlaient fièrement.
Faire cette recherche dans le but d’échanger avec les personnes de nos générations, ainsi que celles plus jeunes ou plus vieilles. Tous ceux partagés entre modernité et tradition. Mener ce travail afin de découvrir la culture de nos parents, notre culture, nos racines, nos forces, nos traditions à préserver.
Tous deux interprètes, habitués des plateaux de théâtre, il nous a cependant semblé évident que nous voulions mener cette recherche dans un premier temps par le biais de l’image et du son. Pour l’exploration photographique, il a semblé important à Nanyadji Ka-gara de mettre en lumière, par le biais du portrait, et du rapport à l’intime que cela apporte, les signes d’appartenance ethnique, visibles sur les visages des hommes et des femmes initiés Saras, ainsi que sur les visages des Wodaabes, sans oublier les femmes Marba et les femmes Massa, porteuses de bijoux de bouche, et pour finir les femmes Peul aux lèvres assombries aux épines. Ces signes sont soit des marques de beauté, soit des marques d’appartenance ethnique, soit les marques d’une femme mariée ou ceux de rites d’initiations…Certaines de ces traditions se perdent actuellement.
Photographier des éléments culturels tels que les calebasses Ngambaye, des instruments traditionnels comme le Koko (la flûte Sara-kaba faite avec une corne d’antilope sauvage), le balafon, le tambour, ainsi que différentes danses.
Il s’agissait de laisser s’exprimer les couleurs et le naturel.
En parallèle de la démarche photographique, Yaya Sarria a effectué un travail sonore dans l’intention de faire entendre différentes langues qui sont également un véritable atout culturel pour le Tchad et dont certaines sont en voie de disparition car souvent mélangées à d’autres langues ou abandonnés en faveur de langues plus populaires.
Nous souhaitions écouter les personnes rencontrées parler de leur culture en s’exprimant dans leur langue maternelle. Capter des chants et des danses traditionnelles qui font la fierté de ces ethnies rencontrées et être au plus près de l’authenticité de ces rencontres.
La photographie et les sons comme témoignage direct de ces belles et fortes découvertes. Mettre en lumière ces portraits et éveiller à la découverte de la culture Tchadienne… Fort de la première étape de recherche effectuée de Ndjaména à Kyabé et des retours reçus lors de l’exposition-installation présentée du 6 au 23 Décembre à l’Institut français du Tchad pendant le Festival Souar-Souar 2017. Nous souhaitons poursuivre ce projet auprès d’autres ethnies du Tchad, en commençant par le Nord, l’Ouest et l’Est du pays, territoires que nous n’avons pas encore exploré.
Porteurs du projet: